Le Cardinal Loménie de Brienne fait construire le canal qui porte son
nom (dénommé également canal Saint-Pierre) et qui rejoint, en amont de la chute du Bazacle par l'Eglise
Saint-Pierre, le plan d'eau de la Garonne et en aval le port
de l'embouchure dit ponts jumeaux.
Pour marquer cette
réalisation un bail est passé le 12 mars et le 26 mai 1773 entre
François Lucas*
et les commissaires nommés par délibération des Etats du Languedoc.
Pour agrémenter la paroi nue, entre les deux arches de ces nouveaux
ponts, une œuvre majestueuse à la fois décorative et commémorative est placée.
Un bas-relief est apposé et pour le façonner Lucas choisit de sculpter l’œuvre en marbre de Carrare,
qu’il va lui-même chercher en Italie. Les blocs, transportés par bateau,
sont déchargés à Agde et amenés à Toulouse par le canal du Midi. Il est
mis en place en 1775 et coûte 17 202 livres, les commanditaires
doivent être satisfaits car François Lucas reçoit 20 000 livres.
Cette œuvre classée est
propriété des voies navigables de France, comme le canal du midi.
En 2013, elle est
restaurée.
Cette
œuvre longue de 16 mètres et haute de près de 5
mètres représente au centre, sur un fond de draperie, l’Occitanie
sous les trais d’une femme couronnée assise sur une proue de vaisseau timbrée de
la croix du Languedoc. Elle tend la main et ordonne à deux
génies nus de creuser le canal, symbolisé par un homme appuyé sur une
jarre d’où s’écoule de l’eau et désigne de sa main droite les richesses
apportées par le canal.
A gauche de l’Occitanie, une femme mi-couchée
symbolise la Garonne, une corne d’abondance à la main et regarde dans la
direction d’un génie travaillant la terre avec une paire de bœufs.
A l’arrière plan sont
représentées les montagnes des Pyrénées et la ville de Toulouse avec des
oliviers de part et d’autre des Pyrénées. Des épis de maïs traduisent
les richesses de cette province.

*Le
sculpteur François Lucas
(1736-1813) était professeur à l'académie royale de peinture,
sculpture et architecture de Toulouse à partir de 1764. En
1784, il succéda à A. Rivalz comme dessinateur de l'académie
des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse. Il
était le fils du sculpteur Pierre Lucas et frère de
Jean-Paul Lucas, premier conservateur du musée des
Augustins.